Russian President Vladimir Putin meets with China's Central Military Commission Vice Chairman Zhang Youxia at the Novo-Ogaryovo state residence outside Moscow, Russia December 7, 2017. REUTERS/Sergei Karpukhin

La doctrine « America first » pourrait durablement affaiblir la relation UE/US et dérégler l’ordre international.

2018 sera-t-elle une année utile pour une Europe cernée de puissances en retrait ou en désaccord sur les principes fondamentaux qui Ia portent?

Sera-t-elle l’occasion pour les Européens de « prendre leur destin en main », comme le préconise la Chancelière allemande, constatant que les temps ont changé?

La relation transatlantique pourrait se stabiliser sur le long terme, et les interrogations sur les intentions de la nouvelle administration pourraient n’être que passagères. Ou bien, la doctrine « America first » pourrait durablement affaiblir la relation UE/US et dérégler l’ordre international hérité de l’après-guerre.

Les exercices militaires russes mimant une agression contre l’ouest pourraient se limiter à cela: des exercices. Et l’annexion de la Crimée pourrait suffire à calmer l’ours russe, confiant d’avoir assuré la pérennité de son pré-carré. Mais la réélection assurée de Vladimir Putin dans quelques mois pourrait aussi être annonciatrice d’un nouveau bras de fer entre Moscou et un occident affaibli par ses divisions internes.

La lutte victorieuse des forces internationales contre ISIS et les efforts développés au Sahel et en Libye pour contenir les flux de réfugiés pourraient retarder le prochain afflux de migrants. Mais combien de temps la digue tiendra-t-elle?

Enfin, la réthorique apaisante du président chinois pourrait faire oublier que si la Chine bénéficie d’une croissance encore forte, c’est surtout parce que toute opposition est bannie et que ses standards sont faibles.

Alors que même les incertitudes sont incertaines, ce qui se dessine chaque jour davantage est un monde où les Européens sont de plus en plus seuls dans leur défense d’un ordre mondial fondé sur la coopération internationale, des standards élevés et le respect des droits fondamentaux.

Leurs alliés traditionnels, de l’autre côté de l’Atlantique, semblent désormais plus enclins à se replier sur eux-mêmes qu’à utiliser leur puissance pour influencer le monde sur la base de principes communs.

Dans ce contexte, le moment est venu pour l’Europe de décider si et comment elle souhaite défendre ces mêmes principes.

Le moment est venu pour elle de prendre en charge une part plus importante de sa sécurité.

Le moment est venu aussi de construire une économie plus robuste, de vaincre le fléau du chômage et d’achever le marché unique.

Or rien de cela ne se fera tant que les citoyens ne se seront pas ré-appropriés le projet européen, tant qu’ils n’auront pas le sentiment profond qu’être européen a une signification aussi profonde qu’être local, régional, national ou global.

Pas de qualité de vie élevée et de défense de nos principes fondateurs tant que les nations n’auront pas décidé de partager leur souveraineté de façon plus décisive. Pas de sécurité assumée sans un sentiment d’appartenance à un destin commun. Pas de progrès économique et social substantiel sans les économies d’échelle qu’une économie vraiment intégrée permettrait de générer.

Les Européens n’ont pas encore complètement décidé ce qu’ils veulent faire ensemble. Le narratif évident et puissant qui les unit, comme la guerre et la paix des années 50, reste à inventer.

Pourtant le monde instable devenu le « nouveau normal » nous tend une perche et nous invite à choisir. Soit nous portons un projet politique à l’échelle de l’Europe et nous nous donnons les moyens de défendre notre mode de vie et nos choix de société, soit nous nous condamnons à subir les choix politiques de nos voisins et compétiteurs.

La grande question de 2018, avec le retrait relatif des États-Unis sur la scène mondiale, est qui va combler le vide, et avec quelle politique.

Est-ce la Russie ou la Chine? Ou pourrait-ce être l’Europe?

Il appartient aux forces politiques nationales et européennes, mais aussi à la société civile sous toutes ses formes, de faire vivre ce débat et de le mener à sa conclusion. Un an avant les élections européennes, 2018 pourrait être mise à profit pour ouvrir ce chantier.

Antoine Ripoll Directeur du Bureau de Liaison du Parlement européen auprès du Congrès américain à Washington

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ander

« les Européens sont de plus en plus seuls dans leur défense d’un ordre mondial fondé sur la coopération internationale, des standards élevés et le respect des droits fondamentaux. » … Et sur l’absence de dialogue entre les dirigeants et les peuples, une dictature de la Commission europeenne, un mepris de l’histoire accompagne d’une haine d’Israel, un chantage permanent exerce a l’encontre des pays du groupe n’appartenant pas au club des « puissants », une haine des Etats-Unis et une devotion envers les pays les plus pauvres, mais aussi souvent les plus barbares, de la planete.